28 septembre 2014

Les minutes se suicident.

Tous les matins il est là, sur son banc, avec sa cigarette et sa casquette, perclus de rhumatisme et le regard vide. Il est devenu comme l’une de ces statues qui ne bougeront ni à cause du froid ni à cause de la pluie, quelque chose d’atemporel qui fait partie du décor.

Il fixe le monument juste en face, la pierre taillée dont les noms lui sautaient aux yeux avant. Désormais il les connait par cœur, dans l’ordre, comme une litanie. Il entend des murmures sourds, des vannes salaces, des gémissements plaintifs de ceux qui se sont pris une balle. Des doigts lui effleurent l’épaule ou lui tapent dans le dos, un rire résonne, englouti dans une explosion.

Tous ces noms il les connaît, et pourtant il ne les a jamais prononcés.

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